Biographie Gérard Côté
Gérard Côté est sans aucun doute le sportif issu de la région maskoutaine ayant connu le plus de succès. Cet athlète, né à Saint-Barnabé Sud le 27 juillet 1913, était doté d’une force de caractère et d’une détermination à toute épreuve. Il pratiqua la course à pied pendant 25 ans. À quelques heures de la retraite, un article publié dans le Clairon de Saint-Hyacinthe en date du 19 octobre 1956 rapporte que Côté aurait parcouru plus de 119 800 milles, soit près de 192 000 kilomètres !
En plus de s’adonner à la course à pied, Côté pratiquait la course en raquette et en patins à roulettes à l’occasion. S’il fut célèbre pour ses quatre victoires au Marathon de Boston, il ne faut pas perdre de vue qu’il s’adonnait à la course depuis près de dix ans avant de remporter ses premiers succès à Boston en 1940. C’est au cours de ces dix premières années d’efforts et d’entraînement qu’il participa à des courses à raquettes et à quelques derby de patins à roulettes.
Il faut mesurer ici toute l’importance de la distance franchie par Côté au cours de ses vingt-cinq années de compétition. À titre d’exemple, M. Normand Ménard, éducateur physique à la retraite et entraîneur du club d’haltérophilie La Machine Rouge, me révélait lors d’une entrevue qu’il avait lui-même parcouru près de 90 000 kilomètres lors de ses courses ou entraînements. Pour lui, le kilométrage réalisé par le Maskoutain est tout à fait exceptionnel et est à l’image de ce grand marathonien
À l’aube des années 1930, en pleine crise économique, le jeune Côté débute la pratique des sports. Au départ, il s’adonne à la boxe, un des sports les plus en vogue à l’époque. Il pratique alors la course à pied pour acquérir une plus grande forme physique. Puis, en juillet 1931, les coureurs du marathon Peter Dawson s’arrêtent à Saint-Hyacinthe pour la première étape de cette grande compétition de 500 milles. «Quand Gérard Côté a vu les grands coureurs passer chez lui, il a eu la piqûre. La course à pied serait désormais son sport de prédilection…» de noter Philippe Cantin dans le journal La Presse du 11 octobre 1991. C’est ainsi qu’il dispute sa première course et remporte la victoire le 4 octobre suivant. Il franchit la distance Sainte-Madeleine-Saint-Hyacinthe en un temps de 1 heure et 13 minutes.
Après cette première épreuve, Côté se consacre à des courses régionales. L’été, il prend part à des compétitions de courtes distances et il consacre une bonne partie de son temps à s’entraîner afin d’améliorer sa condition physique.
Il participe à une première course en raquette à l’hiver 1932 où il porte les couleurs de la Compagnie de transport. À cette occasion, il termine l’épreuve en cinquième position. Les observateurs s’entendent pour dire que les cinq premiers concurrents étaient de force égale. Pour l’occasion, la population maskoutaine est invitée à admirer la coupe remportée par Côté, installée dans la vitrine de la pharmacie Brodeur, rue Cascades.
A partir de 1935, les rédacteurs des journaux provinciaux commencent à remarquer et à favoriser l’athlète maskoutain. Lors de cette année, il participe à plusieurs compétitions d’envergure nationale : marathon Chicklets de Montréal, comptant pour les championnats canadiens ; Toronto et Yonkers, New York où il se classe douzième. En avril 1936, il débute en faisant une première présence à Boston. Puis, le 20 juin, il se classe cinquième lors d’une compétition qui compte pour les essais olympiques canadiens. Au départ, seulement les quatre premiers devaient être sélectionnés. Cependant, le journal La Patrie teint une souscription publique afin d’amasser les fonds nécessaires pour envoyer Côté à Berlin, où se tiennent les Jeux Olympiques. Malheureusement, l’argent fait défaut et il ne peut participer à cette olympiade. Cependant, au mois d’octobre de la même année, il gagne le marathon Chicklets qui se déroule à Montréal. Il remporte donc sa première victoire d’importance en devenant le champion canadien et en réalisant le record du Québec.
Par la suite, il devient favori pour gagner le Marathon de Boston. Il réussit l’exploit en 1940 et au mois de novembre, il devient champion d’Amérique en croisant le fil d’arrivée en première position à Yonkers. La presse canadienne en fait l’athlète canadien par excellence en lui remettant le trophée Lou Marsh; il est désormais perçu comme un grand champion.
C’est ainsi que se poursuit sa carrière d’athlète, de marathon en marathon, d’année en année. La Deuxième Guerre Mondiale vient déjouer ses projets olympiens, car on annule les Jeux de 1940 et 1944. Ce n’est qu’en 1948 qu’il pourra tenter de remporter la médaille d’or tant convoitée. Cette année sera pourtant exceptionnelle, puisqu’il remporte successivement les marathons de Boston, Los Angeles et Hamilton où le comité olympique canadien l’oblige à courir afin d’assurer sa participation aux Jeux de Londres. Malheureusement, les quatre épreuves se déroulent dans un laps de temps relativement court et il n’obtient pas les résultats espérés à Londres. Cette défaite crève-cœur est sans aucun doute celle qui le marquera le plus, car il n’aura plus l’occasion de participer à un marathon olympique.
Fait intéressant à noter, vingt-cinq ans après avoir participé à sa première course, il termine sa carrière en refaisant la course Sainte-Madeleine/Saint-Hyacinthe. Il réalise alors un temps de 1h 10 minutes franchissant le fil d’arrivé en cinquième position.
En plus de connaître une carrière exceptionnelle en tant qu’amateur (c’est sans doute l’athlète amateur le plus médaillé au Canada), M. Côté s’implique dans la communauté maskoutaine en présentant le marathon de Saint-Hyacinthe de 1948 à 1975. À quelques occasions, cette épreuve détermine le champion canadien.
Un palmarès exceptionnel
Dans un document publié par Loto-Québec, Gérard Côté, Un quart de siècle d’histoire 1931-1956, M. Côté fait la nomenclature des marathons auxquels il a participé. En 89 compétitions, il termine 77 fois parmi les dix premiers. Il remporte la victoire lors de 24 épreuves dont quatre fois à Boston, trois fois à New York et une fois à Los Angeles lors de sa seule participation à cette compétition. Il termine au deuxième rang à quatorze reprises et fini troisième plus de treize fois.
Il participe aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 et aux Jeux de l’Empire (Jeux du Commonwealth) en 1950 à Auckland (Nouvelle-Zélande) et à Vancouver en 1954. De plus, il est couronné champion canadien à quatre reprises.
Les principales distinctions de M. Gérard Côté
- 1940 Gagnant du trophée Lou Marsh pour le meilleur athlète canadien
- 1940 Gagnant du trophée Norton H. Crow pour le meilleur athlète canadien
- 1940 Gagnant du trophée Jos Catarinish pour le meilleur athlète canadien français
- 1940 Gagnant du trophée Leslie J. Jarvis pour le meilleur athlète sur piste
- 1955 Élu au Temple de la renommée du sport olympique au Canada
- 1956 Élu au Temple de la Renommé du Canada alors qu’il est toujours actif
- 1988 Décoré de l’Ordre national du Québec
- 1990 Nommé Membre de l’Ordre du Canada
- 1991 Élu au Panthéon des Sports du Québec
- 1992 Nommé Grand Montérégien
- 1993 Récipiendaire de la médaille commémorative du 125e anniversaire du Canada
Paul Foisy, chercheur en histoire sportive
paul.foisy@hy.cgocable.ca